Quand le Vatican affiche un capitalisme "décomplexé". l'église s'orienterait elle vers une nouvelle forme de croyance?
J'avais déjà évoqué dans un récent article la venue du pape en Angleterre. Je vous propose aujourd'hui d'aller plus loin autour de cette information.
Lors de son prochain séjour au Royaume Uni du 16 au 19 septembre, les apparitions publiques et les messes du pape seront donc payantes! Il faudra débourser de 10 à 25 livres pour que "dieu nous donne la foi"
Dans "le temps" on peut lire que "pour les autorités ecclésiastiques, cette démarche est "une simple contribution aux dépenses générales" du voyage du pape, voire même "un acte de solidarité".
Les fonds recueillis serviront, notamment, à régler la location des sites accueillant les messes et à financer les frais de voyage de la délégation papale, selon le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi.
Avec leur ticket d’entrée, ils se verront également offrir un CD sur le voyage papal et un livre de prières.
On peut se procurer sur le site dédié à cet évènement des t-shirts à l'effigie de Joseph Ratzinger (22 euros), un rosaire noir (18 euros), des bougies (3,6 euros), une tasse à café (12 euros) ou encore un drapeau papal à déployer lors du passage de Benoît XVI.
Signe des temps, conséquence de la crise? Le Vatican se met au libéralisme et prêche ainsi le capitalisme jusque dans ses encycliques (benedos XVI caritas in veritate 2009) où il diffuse quelques principes libéraux élevés ainsi au rang de dogme par sa Sainteté au yeux de ses ouailles recevant cette bonne parole.
N'y aurait il pas un parallèle a tirer entre cette dérive néo libéraliste et le sacerdoce de monsieur Michel Campdessusancien patron du FMI et aussi ex-conseiller de Jean Paul II qui avait déjà guidé le Saint siège sur la voie de l'économie de marché. Ce personnage dont les actions catastrophiques au sein du FMI ont conduit à sa démission est en outre proche du mouvement de Josemaría Escrivá de Balaguer la très controversée "Opus Deï". Il est également rédacteur du "livre de chevet" de Nicolas Sarkozy lorsque celui ci était ministre des finances et chargé depuis par ce dernier de superviser les rémunérations des traders en plus de ses nombreuses autres fonctions (président de la Société de financement de l'économie française...)
Le Vatican tenterait il d'apporter une morale au capitalisme ou lui abandonne t'il la sienne? Le capitalisme est il moral et peut on le moraliser? Un posteur s'est intéressé à la question et pour lui, capitalisme et morale ne sont pas compatibles.
La posture adoptée par le Vatican a ainsi de quoi surprendre à bien des égards. Jésus ne s'est il pas éloigné de l'argent et du matérialisme en embrassant une vie de nomade et de prédicateur? N'était il pas particulièrement bienveillant envers les pauvres, et ceux en difficultés? N'était il pas en quelque sorte le premier altermondialiste? Pourtant Benoit XVI a un discours tout autre "l'idée d'un monde sans développement exprime un manque de foi en l'homme et en dieu" nous dit il. Serge Latouche dans "le monde diplomatique" suggère que cette phrase vise les tenants de la décroissance qui sont ainsi "diabolisés".
On peut lire encore dans ce texte du pape, "il n'y a pas de raison de nier que les délocalisations, quand elles comprennent des investissements et de la formation peuvent aider les populations d'accueil". Pourtant en Inde la présence de coca cola et d'autres multinationales semble démentir ces affirmations. Non content de pomper d'incroyables quantités d'eau qui mettent en péril les nappes phréatiques et par là même l'agriculture, cette multinationale met sur le marché un produit qui présente des taux dangereux de pesticides.
On pouvait lire il y a peu dans la presse que la banque du Vatican ( l'Institut des Œuvres Religieuses, IOR) était soupçonnée de blanchiment d'argent et qu'une enquête est en cours en Italie.
Déjà par le passé cet organisme avait fait parler de lui dans le scandale de la banque Ambrosiano liée à la loge P2 et dont l'IOR était le principal actionnaire. Cette affaire avait été une des plus retentissante de l'après guerre. La loge P2 en plus du blanchiment de l'argent de la mafia soutenait également des groupes terroristes d'extrême-droite.
On est bien loin des anciennes positions de l'église qui condamnait l'usure et l'argent comme on peut le lire dans le catéchisme de Saint Pie X "L'usure consiste à exiger, sans titre légitime, un intérêt illicite pour une somme prêtée, en abusant du besoin et de l'ignorance d'autrui." Pie XI pour sa part écrivait: "la déchéance du pouvoir politique (…) tombé au rang d’esclave et devenu le docile instrument (…) de toutes les ambitions de l’intérêt". "l’internationalisme ou impérialisme international de l’argent, funeste et exécrable, pour lequel là où est la fortune, là est la patrie".
Les voies du seigneur sont impénétrables certes, mais celles empruntées par Benoit XVI le sont tout autant. Celui ci s'était déjà illustré en 1988 en écrivant dans un journal d'extrême droite un pamphlet contre les libertés individuelles et le système démocratique. C'est ce qu'avait révélé en janvier 2009 le député écologiste autrichien Karl Öllinger spécialiste de l'extrême droite.
A présent le Saint père souhaite t'il faire du Vatican une entreprise commerciale à l'image du parc d'attraction "Holy land expérience" à Orlando aux USA, basé sur la bible et l'histoire de Jésus. Pour la modique somme de 25 euros vous pouvez, entre autres attractions, assister a la crucifixion et à la résurrection en direct.
Il est vrai que dans son histoire l'église a prouvé qu'elle était de par ses croisades proche du "modèle libéral" et expansionniste dont les états unis sont aujourd'hui le porte drapeau.