Tandis que la loi loppsi2, vaste fourre tout juridique plus que contestable, est actuellement à l'étude (voir même adoptée où presque...) par les sénateurs après avoir été validée par nos députés, une nouvelle attaque contre nos libertés individuelles visant à instaurer un genre de "confidentiel défense" pour les entreprises commerciales se profile à l'horizon émanant des "têtes pensantes" de l'ump.
Loppsi2 La loi sécuritaire de trop ?
Actuellement de nombreuses manifestations, campements solidaires, se sont mis en place dans de nombreuses ville de France, à l'image de Toulouse ou Limoge pour protester contre loppsi2, nouvel arsenal répressif et totalitaire que souhaite le pouvoir en place.
Cette loi (loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure), 37ème loi sécuritaire en 7 ans rappelle le "Canard enchainé", permettra de juger en comparution immédiate des adolescents dès 16 ans et instaurera un couvre feu pour les mineurs de moins de 13 ans. Plutôt que de donner des moyens à l'éducation nationale et de s'attaquer aux causes de la délinquance que sont le chômage, la détresse sociale de certaines familles, les inégalités, l'option choisie par le gouvernement est celle du tout répressif. Paradoxalement le nombre de policiers a été revu à la baisse par ce même gouvernement, qui a également supprimé la police de proximité alors que de l'avis des policiers eux-mêmes elle présentait une réelle efficacité.
Loppsi renforcera également la vidéosurveillance (rebaptisé pour l'occasion vidéoprotection, novlangue quand tu nous tiens!), et permettra à des entreprise privées de contrôler par ce moyen l'espace public à proximité de ces dernières. Inutile de dire que ces images pourront bien sur être récupérées par les "forces de l'ordre" mais également vendue car les images de surveillance publique pourront être exploitées par des entreprises privés (attention ou vous embrasserez votre amant ou votre maîtresse désormais ! ).
Mais ce n'est pas tout, alors que"le Monde"nous informait récemment que 250 000 personnes sont sans domicile en France, que la fondation Abbé Pierre recense pour sa part3,5 millions de "mal-logés", il existe une loi permettant de réquisitionner des habitations non occupées, mais qui n'est jamais appliquée. La loppsi vise également les occupants d'habitats précaires ou hors norme tel que les caravanes, mobil home, maisons auto construites, squats, camions aménagés...
Loin de résoudre le problème du logement cette loi permettra une criminalisation de la pauvreté et jettera des personnes vivant de manière précaire, donc déjà en difficultés, dans une misère inacceptable en permettant et facilitant des expulsions (48h sans intervention d‘un juge). Le gouvernement ne devrait-t-il pas déjà faire appliquer les lois sur le logement social ? Avec cette loi c'est près de 85 000 personnes (en 2006) qui vont être jetées à la rue selon les chiffres d'une étude de l'Insee cité dans l'article du monde.
Souvenons-nous de ce que claironnait un certain Nicolas Sarkozy en 2006 alors qu'il était en pleine "opération séduction" auprès des Français.
"Je veux, si je suis élu président de la République, que d’ici à deux ans, plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d’y mourir de froid. Parce que le droit à l’hébergement, je vais vous le dire, c’est une obligation humaine. Mes chers amis, comprenez le bien : si on n'est plus choqué quand quelqu’un n’a pas un toit lorsque qu'il fait froid et qu’il est obligé de dormir dehors, c’est tout l’équilibre de la société où vous voulez que vos enfants vivent en paix qui s’en trouvera remis en cause ". (Nicolas Sarkozy, discours de Charleville-Mézières, 18 décembre 2006)
Comme pour beaucoup de ses déclarations, (mensongères ?) on aurait souhaité que ces belles paroles soient suivies pas des actes. Mais il a décidé de lutter contre les pauvres et non contre la pauvreté qu'engendre sa politique de destruction de nos acquis sociaux, fer de lance de son assaut néolibéral sur notre démocratie toujours plus asservie aux "lois du marché",celles des banques et des multinationales.
Dernier volet contestable et non des moindres, cette loi renforcera le contrôle et la censure sur internet, sous le louable prétexte de lutter contre la pédocriminalité. A ce sujet souvenons nous que c'est ainsi qu'a été introduit le fichage ADN qui depuis s'est généralisé de telle sorte que si lors d'une manifestation (sur les retraites par exemple) vous êtes arrêté votre ADN sera prélevé de manière quasi systématique et vous serez donc épinglé dans le fichier fourre-tout. On imagine donc facilement comment cette loi risque de restreindre encore la liberté d'expression dans notre pays si elle venait a s'étendre elle aussi à d'autres sites que ceux visés au départ. Enfin, Loppsi se propose de durcir globalement le droit pénal et accroît le pouvoir policier.
De nombreuses associations, collectifs, syndicats, et partis politiques se sont mobilisés contre cette loi trop peu médiatique. On peut citer en vrac et de manière non exhaustive : droit au logement, MRAP, Le mouvement des objecteurs de croissance, le syndicat de la magistrature, le syndicat des avocats de France, Jeudi noir, la fédération des arts de rue, Europe écologie, les verts, les alternatifs, le NPA, le parti de gauche...
"Difficile de comprendre le sens de cette loi. a une époque où vivre dans sa voiture alors que l'on a un emploi n'est plus un anachronisme, alors que ce gouvernement n'est pas capable d'avoir une véritable politique du logement et que le parc d'habitations sociales ne correspond plus et ne suffit plus aux nombreuses demandes faute d'une volonté d'en augmenter le nombre, l'on voit mal où vont aller vivre tous ces gens qui avaient retrouvé un minimum de confort dans des camions aménagés ou des mobils home. Une fois de plus, ce sont encore les plus fragiles, les plus précaires qui sont visés par une loi scélérate faisant passer des centaines de personnes de la pauvreté à la misère. Je ne cautionne pas les violences mais je peux les comprendre. IL serait temps que le citoyen lambda se réveille car à force de rogner sur nos choix de vie et nos libertés c'est la démocratie qui souffre, qui meurt. Je terminerai en demandant à Mr le Président de la République de méditer cette parole de Démocrite: "...tu supportes l'injustice, console-toi, le vrai malheur est d'en commettre...!"
Et bientôt la fin de notre droit de savoir?
J'évoquais aussi dans mon introduction une nouvelle arme du pouvoir qui vise à instaurer un régime proche de celui du "confidentiel défense" pour les entreprises et qui risque de nuire à notre droit à l'information comme le fait remarquer François Krug dans un article paru sur Rue89. Enfourchant ce cheval de bataille Mr Bernard Carayon de Lagaye député UMP, cofondateur de la fondation Prometheus (financée par les plus gros industriels Français...), ancien du GUD (ils sont nombreux les anciens du Groupe UnionDéfense et/ou d'Occident ou encore d'Ordre Nouveau dans ce parti, on pourrait presque croire un parti d'extrême droite ! Pour celles et ceux qui pensent que Jean-Marine apporterait un air qui ne serait pas vicié ici bas...)
Notre brave député a donc trouvé une noble cause à défendre, celle de ses amis industriels. Il estime, avec le gouvernement, qu'il faut renforcer les sanctions entourant le secret des affaires et leur laisse la possibilité de définir elles-mêmes ce qui sera protégé!
Ce pourfendeur des injustices déclare à l'auteur de l'article cité plus haut "Je revendiqueaussi bien pour l'Etat et les entreprises le droit à l'intimité des personnes privées" Si on rapporte ça à la loi loppsi et aux divers moyens de vidéosurveillance déjà appliqués pour fliquer tout un chacun, on ne peux malgré tout que rester sceptique face à ses arguments!
Comme le fait remarquer Noam Chomsky au sujet du secret défense en fin observateur et analyste : "Dans la plupart des cas, le secret gouvernemental n'est pas là pour des raisons de sécurité mais uniquement pour empêcher la population de savoir ce qui se passe". Ce que confirme le Pr Stephen Zune, spécialiste des relations internationales dans le même entretien. Il n'est pas impossible qu'il en soit de même ici. De nombreuses affaires comme celle du (désormais) médiatique Médiator risque de ne jamais sortir au grand jour et le champ d'action des journalistes être réduis, les investigations et enquêtes limitées et étouffées si pareille loi venait à voir le jour.
Tandis que les libertés individuelles tendent à se réduire face à l'offensive sécuritaire et à son arsenal de lois dégainées par l'ex premier flic de France, les entreprises, elles, se voient octroyer des droits qui (bientôt ?) viendrons supplanter ceux des citoyens.
Restons vigilant et n’hésitons pas à nous indigner comme nous y invite Stéphane Hessel, il en va de l'avenir de la démocratie et de nos libertés.
"Si un état est gouverné par la raison, la pauvreté et la misère sont honteuses ; si ce n'est pas la raison qui gouverne les richesses et les honneurs sont honteux" Confucius